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Charles VIII meurt le 7 avril 1498. Le duc d'Orléans devient alors roi de France sous le nom de Louis XII. Nous entrons de plain-pied dans le style Renaissance qui vient directement d'Italie et se prolongera jusqu'en 1610, à la mort du roi Henri IV. |
Les types de meubles |
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L'armoire Composée de deux corps, parfois séparés par un tiroir, elle est la plupart du temps en noyer et s'orne volontiers de sculptures abondantes. Les pieds sont de forme boule.
Le buffet En chêne à l'origine, il sera bientôt réalisé en noyer. C'est le meuble le plus représentatif de l'époque. Il est à deux corps, fermés par des vantaux. Pendant la première période d'influence italienne, on trouve encore beaucoup de meubles en chêne comportant entre autres, sur une structure de type médiéval, des cartouches, des grotesques (personnages grimacants ou satyres), des médaillons, des moulures anguleuses ornées de godrons et de rais-de-cur, mais aussi des rinceaux de feuillages avec des fruits. Dès la seconde période, le noyer acquiert ses lettres de noblesse. Plus souple sous le ciseau du sculpteur, il va permettre aux artistes de réaliser de superbes panneaux ornés de cariatides, de personnages mythologiques, de têtes d'animaux et de masques. Ce sont des meubles très chargés qui ont connu un regain de faveur à la fin du XIXe siècle, en particulier le fameux buffet Henri II qui s'est fabriqué en grande quantité jusqu'avant la Première Guerre mondiale. |
Le lit Il est à baldaquin et ses colonnes sont tout d'abord très travaillées, puis de forme simplifiée vers la fin du style (balustres ou fuseaux tournés).
Les sièges - La caquetoire : C'est un siège trapézoïdal avec un dossier étroit légèrement incliné vers l'arrière. I1 s'adapte mieux à la position du corps assis : c'est l'avènement de la notion de confort qui jusqu'ici semblait absente. -La chaise à bras: D'aspect rectangulaire, son dossier est plus bas que la tête de l'occupant. -Le siège en tenailles: C'est l'ancêtre du fauteuil pliant. Son assise est formée soit par des lamelles qui s'entrecroisent, soit par un cuir tendu, voire par de la toile.
Le coffre C'est le meuble utile par excellence; il repose sur un socle mouluré. Les poignées de transport disparaissent, ce qui est le signe d'une utilisation sédentaire, de même que les serrures qui se font discrètes pour laisser plus de place aux sculptures sur la façade. |
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Henri IV meurt assassiné par Ravaillac le 14 mai 1610. Louis XIII n'a alors que neuf ans, et c'est Marie de Medicis qui est déclarée Régente. Le style qui va porter le nom du jeune roi est déjà pratiquement arrivé à maturité. La technique du placage d'ébène sur un bois commun s'affirme, tandis que le tournage est omniprésent: sur les sièges, les cabinets, les tables, etc. |
Les types de meubles |
L'armoire En ce début de XVIIe siècle, elle est imposante. Les sculptures font place a un décor de "pointes de diamant" ou de losanges aplatis avec, parfois, des colonnes torsadées le long des montants. La corniche et la base dépassent de l'axe vertical, avec des moulurations droites et dépouillées. Quant aux pieds, bien que de forme boule, ils s'aplatissent. L'armoire à deux portes remplace peu à peu celle à deux corps qui tend à disparaître.
Le buffet Même décor que pour les armoires sur ces meubles dont le corps supérieur est maintenant le plus souvent sur le même plan symétrique que celui du dessous. Sur certains modèles, les moulurations des portes sont de forme circulaire concentrique. Les frontons ont disparu pour laisser la place à des corniches débordantes qui présentent parfois un ressaut.
Le lit Toujours à baldaquin, avec colonnes torses ou piliers cannelés. Il est parfois entièrement recouvert de tissu ou entouré de rideaux. Un modèle plus courant est dit "en tombeau" car ses piliers de tête sont plus hauts que ses piliers de pied, et le tissu qui le recouvre lui donne une forme rappelant le tombeau.
Les sièges Ils sont maintenant garnis de crin et recouverts de tapisserie, d'étoffes diverses ou de cuir maintenu par de gros clous. Deux types de siège prédominent : la chaise à bras traditionnelle (qui deviendra le fauteuil à haut dossier) et la chaise à dos. Les pieds sont tournés à la manière de colonnes à torsades et spirales ou plus simplement en balustres ou en chapelets (superposition de boules plus ou moins aplaties). Ces pieds sont réunis entre eux (pratiquement à leur base) par une entretoise en forme de H. Détail important : le raccordement des accotoirs se fait au niveau des pieds avant. Ils vont donc du dossier à l'avant du fauteuil sur la prolongation des pieds. Ils peuvent être directement encastrés dans le pied ou légèrement prolongés par une tête d'animal ou une crosse simple (voire sculptée lorsque le bras est incurvé).
Le coffre Il est toujours en vogue.
Le cabinet Le style Louis XIII en comporte deux sortes : le petit modèle dit de voyage se pose sur une table, le cabinet d'apparat (de grande taille) repose sur un piétement constitué de colonnes travaillées au tour. C'est le meuble le plus marquant de cette période avec sa forme bien caractéristique : deux vantaux cachent des compartiments de tiroirs situés sur les côtés d'une niche. Cet intérieur peut être très simple avec un placage d'ébène à peine sculpté, ou plus élaboré avec un décor à l'italienne composé d'incrustations de pierres dures, véritables petits théâtres réalisés avec divers matériaux comme la corne, l'écaille et l'ivoire. On note aussi la présence de superbes moulurations ondées encadrant les panneaux quelquefois peints en trompe-l'oeil.
La table Hormis l'entretoise en H et les pieds tournés, en bois massif, elle rappelle celle de la Renaissance. Le centre de l'entretoise comporte parfois un motif en forme de vase ou de toupie. Quant aux bas de pieds, ils se terminent par une boule plus ou moins aplatie. A cette époque, on plaçait sur certaines tables plus frustes une étoffe de bure pour les camoufler : c'est de là que vient le mot "bureau". |
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A peine six mois après la mort de Richelieu, Louis XIII suit son ministre dans la tombe, le 14 mai 1643. Il faudra attendre le 7 juin 1654 pour assister au sacre de Louis XIV à Reims. Entre-temps, c'est sa mère Anne d'Autriche qui va exercer la régence avec le non moins fameux Mazarin. Jusqu'aux environs de 1660, le style Louis XIII poursuit son évolution pour aboutir à la majesté du style Louis XIV. De grands noms marquent cette période faste pour les arts, qui se prolongera une cinquantaine d'années : Jean Berain, André-Charles Boulle, Caffieri, Cucci, Jean Lepautre, Mansard, Jean Marot et Louis Le Vau, entre autres. |
Les types de meubles |
Cette époque voit la naissance de certains meubles nouveaux:
La bibliothèque A hauteur d'appui, ses portes sont ajourées et ornées d'un grillage en laiton ou d'une vitre qui laisse entrevoir les livres. Elle est marquetée de bois précieux aux couleurs multiples, de cuivre et d'écaille de tortue à la manière de Boulle, mais aussi d'argent, de corne, de nacre et même d'ivoire. Elle s'orne également de bronzes finement ciselés et dorés.
Le bureau Nous y voilà ! Le bureau tel que nous le connaissons aujourd'hui fait sa première apparition, peut-être tout d'abord sous la forme d'un modèle dit "bureau Mazarin". C'est un meuble de petite taille qui se caractérise par sa forme à caissons supportés par huit pieds à entretoises. On peut non seulement écrire sur le plateau, mais en plus ranger les papiers importants dans les tiroirs. I1 y a également le bureau plat. C'est un large plateau recouvert d'un cuir ou d'un velours. I1 possède huit pieds à cambrure raide, sans entretoise. Certains sont prévus pour recevoir un gradin (ou serre-papiers) à casiers. La ceinture est agrémentée de bronzes et les poignées des tiroirs s'articulent. Ce style de meuble va se perpétuer avec bien des variantes à travers les siècles.
La commode La commode est probablement le successeur direct du coffre. Elle est de forme rectiligne ou légèrement galbée, avec une ou deux courbures arrondies dans les angles. Sur les premières, on compte deux à quatre tiroirs en façade remplacés par la suite par trois à quatre rangées décorées de placage d'ébène ou de poirier noirci souligné par des filets en laiton. D'autres modèles plus sophistiqués révèlent une marqueterie de type Boulle. Le plateau, en bois marqueté à l'origine, sera plus tard composé d'un marbre, comme sur les consoles. Les motifs sont à base d'arabesques, de mascarons, de palmettes, de rinceaux de fleurs, de motifs géométriques et d'animaux. I1 faut aussi noter que cette marqueterie est collée sur des bois qui, à cette époque, sont en chêne. On note aussi du sapin pour les autres parties de plus petite taille (façades de tiroirs, mais aussi côtés).
Le bas d'armoire Ainsi nommé parce que composé uniquement de la partie basse d'une armoire ou d'un buffet a deux corps, il comporte deux ou trois portes. C'est une création du XVIIe siècle. On peut penser que c'est l'ancêtre du buffet bas que l'on retrouve dans le mobilier rustique.
La console Il en existe deux types. La console cite "de milieu" est formée d'un plateau rectangulaire reposant sur quatre pieds (en bois sculpté) assemblés entre eux par une entretoise. La console dite "d'applique" est adossée contre un mur et ne comporte que deux pieds. Elles sont généralement dorées, ou, plus rarement, en marqueterie Boulle avec une ornementation de bronzes ciselés. Quant aux piétements, ils sont eux aussi le plus souvent en bois doré ou en fer forgé. Sur certains modèles prestigieux, ils sont même en argent. |
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Le mobilier courant évolue en parallèle :
L'armoire Toujours imposante, ses pieds se terminent par des boules, mais aussi par des griffes ou des volutes. Parfois, ils sont le prolongement des montants.
Le lit Le lit dit "à la Duchesse" se place au milieu d'une pièce ou au centre d'un mur et on peut y accéder des deux côtés. Dans ce cas, il est sans colonne et surmonté d'un dais suspendu au-dessus de l'occupant. Dans le cas du lit "d'ange", le ciel est plus court que le lit. Les pieds sont dissimulés par ce que l'on appellerait aujourd'hui un dessus de lit; celui-ci tombe jusqu'au sol. Le lit "dôme" comporte une partie du dessus courte et assemblée sur un montant. Dans le lit "à l'Impérial", ce dôme est en forme de S. Quelle variété!
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Les sièges - Le fauteuil.Son dossier monte très haut et permet d'obtenir une meilleure assise. A la fin du style, les accotoirs ne sont plus assemblés sur le prolongement des pieds, mais sur un support indépendant légèrement en retrait. Les pieds, quelquefois en console, présentent alors des sculptures sophistiquées. Certains modèles de pieds à forme arrondie, avec un renflement aux extrémités, sont dits à os de mouton. L'entretoise n'est plus forcément en H, mais aussi parfois en X; signalons l'existence du fauteuil dit de confessionnal, qui est en quelque sorte l'ancêtre de la bergère, puisqu'il est pourvu d'oreilles pour un meilleur confort. - Les chaises. Pas de grandes innovations à noter, en dehors des modifications de formes et de structures comparables à celles qui affectent les fauteuils. |
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Le futur roi Louis XV naît à Versailles le 15 février 1710. Cinq ans plus tard, le ler septembre 1715, Louis XIV meurt. C'est bien avant cette date, néanmoinsdès la fin du XVIIe siècleque le mobilier a commencé d'accuser une très nette évolution vers un allégement. Cette transition entre la somptuosité du mobilier d'apparat Louis XIV et le rythme endiablé du futur style Louis XV portera le nom de Régence, puisqu'elle recouvre, entre autres périodes, la régence du duc Philippe d'Orléans (1715-1723).
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Les types de meubles |
L'armoire Elle est en bois massif et ses angles s'arrondissent . Les panneaux sont allégés par des moulurations asymétriques et les bas de pieds sont maintenant galbés et courts.
Le buffet Toujours à deux corps, il présente la même ornementation que l'armoire, mais il repose souvent sur un socle plein.
Le lit Le lit à quenouille disparaît peu à peu. Le traditionnel lit à la duchesse et le lit d'ange sont encore en vogue.
Les sièges Là aussi, c'est le grand bouleversement. Les sièges en hêtre ou en noyer sont plus légers, plus faciles à déplacer; à la finition dorée, on préfère le bois naturel. Il n'y a plus d'entretoises, l'accotoir qui se garnit d'une manchette est maintenant en retrait par rapport au pied, les bois vent à nouveau visibles autour du dossier. Celui-ci est droit, mais le dessus a des formes découpées. Le bas des pieds est à enroulement, terminé par un dé en forme de bouchon de champagne. Les sculptures en forme de coquilles se généralisent. Elles sont parfois ajourées. On assiste aussi à la prolifération des feuilles d'acanthe, des palmettes sur fonds traités en losanges. La mode des chaises et des fauteuils de canne (qui existaient depuis 1660) fait fureur, et l'on voit se développer les canapés, les bergères et les chaises longues - fauteuils rallongés sur six pieds.
Le bureau De grande taille, il ne possède plus que quatre pieds. Sa ceinture joliment découpée reçoit alors trois tiroirs et les côtés sont adoucis par des chutes de bronzes dorés. De plus en plus en souvent, il est plaqué de bois précieux, mais on en trouve encore en ébène ou en poirier noirci. |
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La commode C'est le meuble phare de cette période. La commode dite "en tombeau" est une innovation. Sur des bouts de pieds courts, toutes les lignes sont courbes. Loin d'être gracieuse, elle est plutôt lourde, plaquée de palissandre ou de bois de violette en frisage, voire en bois massif (surtout en province), avec ses côtés ventrus et sa façade bombée. De plus, les entrées de serrures, les poignées, le cul-de-lampe de la traverse du bas et bien sûr les pieds sont agrémentés de nombreux bronzes ciselés et dorés. |
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De 1730 aux environs de 1750, la reconstruction de nombreux hôtels particuliers va donner un élan nouveau aux arts décoratifs. 1738 verra la fondation de la Manufacture de porcelaine de Vincennes, transférée plus tard à Sèvres. En 1740, un métier à tisser automatisé est mis en service à Vaucanson. Cette période est associée aux plus grands noms de l'ébénisterie (Cressent, Lacroix, Migeon, Oeben...). C'est aussi la gloire des ornemanistes qui vont imposer les formes rocaille tourmentées inspirées de coquillages adaptées pour la circonstance aux bronzes qui orneront les meubles. |
Les types de meubles |
Le lit Vers 1740 apparaissent les premiers lits d'alcôve installés parallèlement au mur et surmontés d'un baldaquin.
Les sièges Confortables, ils sont parfois peints de plusieurs tons et leurs dossiers de forme plus ou moins violonée sont soit "à la reine" lorsqu'ils sont plats, soit "en cabriolet" lorsqu'ils sont concaves. Ces derniers, plus légers, se transportent d'une pièce à l'autre au gré des conversations entre courtisans. Un nouveau modèle dit "voyeuse" permet à une personne restée debout de s'appuyer sur un accotoir situé au-dessus du dossier pour suivre une conversation avec la personne assise. On assiste aussi à la création de très beaux fauteuils de bureau, généralement cannés, réalisés sous la forme d'un losange reposant sur quatre pieds dont celui de devant va se trouver entre les pieds de l'occupant. Enfin, la marquise est un petit canapé à deux places, tandis que la duchesse est une sorte de chaise longue. On découvre aussi les canapés qui seront très en vogue, comme l'ottomane et le sofa. |
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La commode Le XVIIIe est aussi le siècle de la commode. Non seulement les ébénistes continuent de fabriquer les modèles Louis XIV ou Régence, mais en plus ils expérimentent des formes nouvelles avec des modèles hauts sur pieds à deux tiroirs, sans traverse de soutien apparente, celui du bas faisant aussi office de tablier, ou la commode à pieds courts ainsi que le chiffonnier, plus haut, comportant de nombreux tiroirs. |
L'encoignure Au milieu du XVIIIe siècle, l'angle droit est banni. On imagine alors ce petit meuble qui se place dans les angles des pièces. Par paire, les encoignures sont recouvertes d'un marbre et ouvrent sur toute leur hauteur par un ou deux vantaux décorés de marqueterie ou de laque.
La table Elle fait toujours partie du décor, mais maintenant, à chaque utilisation correspond un modèle précis. On trouve ainsi des tables à jeu, à ouvrage, tambour, à écrire, chiffonnière, en haricot, d'accouchée, d'aquarelliste, liseuse, de chevet, coiffeuse et pourquoi pas poudreuse ! Elles associent esthétique et gracieuse légèreté, avec des marqueteries de bois précieux. Certaines seront même décorées de laques inspirées de motifs chinois. Elles participent à la vie quotidienne des favorites, dont Mme de Pompadour est certainement la plus célèbre.
Le bureau Ces meubles se multiplient et leurs formes se diversifient : bureau plat, bureau capucin, secrétaire en pente dit aussi à dos d'âne, bureau à cylindre et enfin secrétaire à abattant permettent à ces Messieurs de s'exercer aux durs métiers de la finance ou de la politique. |
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De 1750 à 1760, les formes s'épurent et retrouvent une rigueur symétrique pour aboutir au style Louis XVI. Cette évolution est en partie due à la reprise des fouilles de Pompei en 1748, qui font redécouvrir aux artistes des lignes droites agrémentées de cannelures, de colonnes rudentées... De cette courte période, nous retiendrons deux dates marquantes. En 1750, Bouguer et La Condamine rapportent d'Amérique du Sud le caoutchouc. En 1759 est fondée la fameuse Manufacture de toiles de Jouy-en-Josas par C.P. Oberkampf. |
Evolution des meubles |
L'armoire commence à voir apparaître à ses angles des cannelures et des chutes de bronze discrètes et proportionnées.
Les tables sont maintenant à ceinture droite et décor à l'antique, les sièges sont droits et cannelés, la ceinture n'étant plus chantournée, avec un dossier de forme ovale.
C'est la commode qui subit véritablement une évolution importante puisque sa forme devient rectangulaire et son décor est maintenant basé sur l'utilisation de frises et de marqueteries à damiers ou motifs géométriques. |
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Louis XV meurt le 10 mai 1774 alors que ce que l'on va appeler le style Louis XVI est déjà bien implanté. Jusqu'à la Révolution, les meubles suivent la voie de la rigueur géométrique architecturale. C'est le temps du Petit Trianon et du Panthéon. Les ébénistes sont de la partie, avec une production d'une exceptionnelle qualité, où extérieur et intérieur sont traités avec le même soin. Les fonds ne sont plus laissés bruts de sciage, même dans les endroits invisibles, et l'acajou commence son ascension vers le sommet. On note un retour remarqué du style Boulle, avec les fils de ce grand ébéniste du temps de Louis XIV ainsi que les célèbres Levasseur et Montigny. En province, on continue encore une production de meubles de type Louis XV, surtout pour les modèles en bois massif (les armoires). |
Les types de meubles |
Les sièges La production de cette fin de XVIIIe siècle est marquée par le nom de Georges Jacob, qui préconise l'utilisation de l'acajou plutôt que du hêtre ou du noyer. Le dossier a pris une forme médaillon ou trapézoïdale et les accotoirs dont les supports s'incurvent rejoignent les pieds avant eux-mêmes fixés à la ceinture par un dé de raccordement. A la fin du style, les accotoirs reposeront à nouveau sur un support reculé en forme de balustre. Du côté des chaises, des nouveautés aussi avec des modèles à dossiers non recouverts, percés à jour à motifs de lyres ou de montgolfières.
La table Comme sous Louis XV, chaque table remplit un rôle bien déterminé. La table de salle à manger fait son apparition. A rallonges, se plaçant au centre, ou à abattant sur les côtés, elles sont à quatre, six ou huit pieds. En acajou, de très belle facture, leur forme est ronde ou ovale, avec une ceinture. Comme pour la commode, notons l'existence de la table demi-lune avec piétement coulissant et plateau séparé en deux par sa moitié. La table bouillotte comporte quant à elle un plateau de marbre entouré d'une galerie de bronze réalisée dans un alliage tirant sur le laiton. Il existe aussi un modèle à mécanisme dit à la Tronchin, qui permet de travailler debout ou assis. En règle générale, les piétements sont droits. |
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Le bureau C'est l'ère du cylindre de plus ou moins grande taille. Il est généralement en placage d'acajou, sauf pour certains modèles prestigieux ornés de marqueterie. Le bonheur du jour fait son apparition. On le dit volontiers réservé aux femmes, à cause de sa petite taille et de son élégance. Il comporte une partie rangement sur le plateau.
La commode Trois innovations intéressantes : la commode demi-lune, la commode en console et le semainier à sept tiroirs. Les pieds se présentent sous plusieurs aspects : à cannelure, en pyramides, en toupie ou à spirale, et même à palmettes. |
Les grosses poignées font maintenant place à de discrets anneaux de tirage, tandis que les bronzes se rencontrent en entrelacs et guirlandes sous les ceintures. A noter également des entrées de serrure coiffées d'un noeud.
La vitrine Après la bibliothèque qui a vu le jour au XVIIe siècle, c'est au tour de la vitrine d'être à la mode. Elle se présente sous la forme d'une armoire à porte vitrée et permet de mettre en valeur livres, bibelots et autres petits objets de collection très en vogue à l'époque. |
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De 1789 jusqu'en 1804, la France connaît des heures d'exaltation et d'angoisse qui se traduiront par un bouleversement des traditions. En 1791, sont exposés devant la Constituante les principes du système métrique qui sera adopté légalement à partir de 1793. Cette même année verra l'exécution du Roi le 20 janvier et la création du Museum d'histoire naturelle ainsi que du Conservatoire national des Arts et métiers. En 1801, les frères Jacob reçoivent la Médaille d'or. Enfin, en 1804, le premier métier à tisser la soie est mis au point par Jacquard. |
Les types de meubles |
Les lits Sous le Directoire (1789-1799), les modèles sont de type Louis XVI avec une ornementation suivant le courant révolutionnaire (bonnet phrygien...). Plus tard, sous le Consulat (1799-1804), ce sera l'époque des caryatides, des sphinx et des griffons. Les lits seront placés de travers, avec une forme en gondole, et on verra même, à la fin de cette période, la fabrication des premiers modèles en métal à barreaux. |
Les sièges Pendant le Directoire, ils sont enroulés, avec des accotoirs qui rejoignent les pieds avant, tournés en fuseau étranglé vers le haut, avec des pieds arrière en forme de sabre.Les dossiers des chaises sont ajourés et une nouvelle ligne en gondole connaîtra du succès tout au long du XIXe siècle. Pendant la période Consulat, ils subiront l'influence du style retour d'Egypte, avec une ornementation caractéristique qui annonce l'Empire. |
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Les tables Continuant les formes Louis XVI pendant la première période, de nouveaux piétements à base de cygnes ou de griffons voient le jour. Les grandes tables possèdent un plateau rectangulaire à ressaut et des pieds droits à section carrée avec un dé de raccordement décoré d'un losange peint ou incrusté. Pendant le Consulat, elles sont plus massives, de forme ronde avec une ceinture en retrait et reposeront sur des pieds de section carrée à griffes.
Les commodes Pendant le Directoire, elle est droite, sans marqueterie. Sous le Consulat, elle se présente avec des pieds à griffe et des anneaux de tirage à têtes de lion. Leurs montants sont parfois ornés de figures ou de pilastres.
Les consoles Elles n'échappent pas à la règle avec leur façade rectiligne et leurs côtés concaves typiques du style Directoire. Sous le Consulat, on remarque à nouveau des pieds travaillés en forme de caryatides ou de femmes ailées posés sur des piétements à pilastre. Les décors sont en forme de palmettes.
La psyché C'est une innovation du Consulat. Cette glace suspendue entre les montants d'un cadre de bois est ornée de griffes et palmettes. |
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En 1806, on pose les premières pierres de l'Arc de Triomphe. Six cent vingt mille Français sont sous les drapeaux. Six ans plus tard, ce sera la retraite de Russie, avec plus d'un million de compatriotes en guerre. Le style Empire se veut monumental, et les meubles seront chargés d'emblèmes allégoriques. |
Les types de meubles |
L'armoire Sa façade est plane et sans moulures, avec des colonnes détachées en prolongement des pieds. |
Le lit Il en existe plusieurs types, mais l'un des plus célèbres est certainement le lit bateau à dossier incurvé vers l'arrière, orné uniquement du côté visible. Les pieds sont maintenant remplacés par une plinthe et quelques bronzes en applique. Un nouveau type de lit de repos fait son apparition : la méridienne comportant trois dossiers, celui de tête réuni à celui de pied situé plus bas par un plan en pente nette. |
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Les sièges Outre les modèles d'apparat, on trouve de plus en plus de fauteuils en gondole avec des accotoirs cylindriques qui tournent vers le bas pour rejoindre les pieds avant au niveau de la ceinture. Cette période est particulièrement marquée par le choix de l'acajou comme composant principal, ainsi que par des lignes élégantes qui sont toujours aujourd'hui très appréciées.
La table Trois petites nouvelles : la table de nuit ou "somno", de forme cylindrique ou cubique, l'Athénienne avec un plateau rond ou hexagonal, sur pied métallique et la table de toilette avec une glace fixée sur un marbre reposant lui-même sur un piétement en X.
Le bureau Le grand bureau "ministre" est imposant, avec ses deux caissons de tiroirs descendant jusqu'au sol. Le bureau "ministre", plus petit, repose sur huit pieds fixés sur un socle à plinthe. Le bureau à cylindre, toujours de forme Louis XVI, est lui aussi à huit pieds, terminés par des griffes.
La commode Deux formes la caractérisent : le modèle à colonne détachée, parfois baguée de bronze, et celui à décrochement en façade qui reçoit alors des caryatides. Le plateau débordant est quant à lui recouvert d'un marbre. Les tiroirs sont sans poignée ou à boutons de tirage. Conséquence du blocus, l'acajou se raréfie et les ébénistes ont recours aux bois locaux comme le noyer. |
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L'Empereur s'en est allé, et les Bourbon sont de retour. Louis XVIII va gouverner jusqu'à sa mort, le 16 septembre 1824, et Charles X lui succèdera jusqu'à son abdication le 31 juillet 1830. A son tour, Louis-Philippe prendra la relève jusqu'en 1848, date de la proclamation de la Deuxième République par Lamartine et Ledru-Rollin. |
Evolution des meubles de 1815 à 1850 |
Cette période est marquée par l'apparition de nouveaux meubles que l'on peut considérer comme "populaires" au sens démocratique. L'armoire à glace, par exemple, va entrer dans tous les foyers français susceptibles d'acquérir du mobilier, le principe de l'argenture des glaces ayant fait diminuer leur prix de revient au point de permettre leur acquisition à toutes les couches de la société. Certaines armoires à portes vitrées font même office de bibliothèque. Une progression générale vers la simplification des lignes et des éléments décoratifs va engendrer un mobilier simple et modeste, notamment pour les lits rectilignes. Les commodes, elles aussi, seront unifiées et rendues pratiques et "grand public", notamment pour le modèle comportant un marbre avec intégration d'une cuvette et d'un pot d'eau. Les bureaux ainsi que les secrétaires droits à abattant n'échapperont pas à cette règle de la standardisation dépouillée annonciatrice de l'ère industrielle. Seuls quelques jolis meubles d'époque Charles X utilisant des bois clais incrustés d'essences plus foncées ont conservé une cote d'estime auprès d'une clientèle de collectionneurs. |
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Cette période, qui commence avec la proclamation du Second Empire, le 2 décembre 1852, se terminera avec le siège de Paris par les Prussiens et la Commune en 1870. C'est le début de l'ère industrielle et la mise en sommeil des créateurs artisanaux. A tel point que le mobilier ne sera guère que la réplique de modèles du passé. |
Meubles représentatifs |
Le lit Cette période verra la création de quelques jolis modèles en métal peint et un retour de la tradition avec des modèles en marqueterie Boulle.
Les sièges Les chaises sont peintes en noir, avec un dossier ajouré décoré d'incrustations ou orné de peintures polychromes. Elles se caractérisent par une légèreté et une finesse parfois inquiétantes, à tel point qu'il vaut mieux éviter de poser les pieds sur les barreaux qui ne résisteraient pas à une pression soutenue. Pour les sièges confortables, notons les poufs capitonnés, les fauteuils crapaud, les confidents et les indiscrets avec leurs assises qui se tournent le dos, formant ainsi une succession de "S". On verra aussi le développement des copies de modèles Louis XV ou Louis XVI, surtout en bois doré. On raconte même que pour rester à la mode, certains marchands repeignaient de véritables fauteuils Louis XV pour les vendre comme Napoléon III. Il est vrai qu'à cette époque, les antiquités n'étaient pas prisées comme aujourd'hui. |
La table Les tables gigogne à motif chinois, de même que les guéridons à piétement en accolade et à forme de violon sont très prisés. Là aussi, production importante de modèles en marqueterie Boulle et, innovation pour l'époque, fabrication de tables et plateaux en carton bouilli (!), peints de fleurs ou incrustés de nacre. Le bambou est aussi à la mode et se voit même reproduit en trompe-l'oeil de bronze comme sur le piétement des hauts guéridons à plusieurs plateaux. |
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Le bureau On recommence à faire des bureaux Mazarin en marqueterie Boulle, des modèles Régence en poirier noirci, Louis XV et Louis XVI en marqueterie ou en placage, et l'inévitable bureau ministre typique des administrations.
Les meubles d'appui Une très grosse production de modèles avec médaillon en marqueterie de fleurs ou de type Boulle sur fond de poirier noirci verra le jour. |
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LES STYLES ART NOUVEAU ET ART DECO
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Art Nouveau En 1900, on inaugure le métropolitain. Trois ans plus tard, Pierre et Marie Curie reçoivent le Prix Nobel de physique. Ces premières années du vingtième siècle voient se développer deux styles très différents. D'un côté, une forme traditionnnelle qui est la continuité du Second Empire, avec notamment la fabrication de copies de meubles Renaissance (le fameux buffet Henri II) et de l'autre un courant créatif appelé Modern Style ou Art nouveau. C'est de l'école dite de Nancy que vont sortir les plus beaux modèles signés Gallé, Majorelle ou Guimard, l'architecte à qui l'on doit les entrées de métro de style nouille dont il ne reste plus que quelques exemples à Paris. |
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Le décor est à base d'ondulations étirées, les sculptures prennent des formes de feuillages entremêlés, de drapés, d'ailes de papillon et de plumes de paon. Les formes se transforment librement, association asymétrie et légèreté, reproduisant des nénuphars, des feuillages ondoyants... Cette période particulièrement esthétique est caractérisée par la multiplicité des capacités créatives des artistes. A titre d'exemple, Emile Gallé était capable à la fois de concevoir des pâtes de verre aux techniques sophistiquées et du mobilier marqueté. C'est le début du temps des décorateurs associés aux artisans, dans une seule perspective : mettre l'art dans la vie de tous les jours.
Art Déco De 1918 à 1940, pendant d'entre-deux guerres, on assiste à l'éclosion de l'Art déco. C'est le temps de Coco Chanel, de Cocteau, de Le Corbusier, des premières 24 heures du Mans et bien sûr, en 1925, de l'Exposition des Arts Décoratifs qui donnera son nom au style. Confort, qualité, élégance sont les mots clés des créateurs qui veulent redonner du panache au mobilier français. Adler, Chareau, Leleu, Mallet Stevens, Ruhlmann pour ne nommer qu'eux marqueront leur temps. Les bois précieux tels que l'acajou, le palissandre, l'ébène de Macassar et les loupes diverses, des matériaux exotiques comme le galuchat, les laques, les incrustations d'ivoire ou de nacre donnent une identité unique à ces meubles dont certains subissent encore l'influence du passé, avec cette touche originale qui fait leur charme. Les buffets sont à pans droits, formant bars, et trouvent leurs places comme éléments parfois uniques mais toujours décoratifs et utilitaires dans la salle à manger épurée. Les meubles se veulent fonctionnels et sobres, même s'ils s'adresse plus souvent à une élite, vu leur prix de revient. Les commodes à tiroirs ou vantaux font leur réapparition, avec de superbes modèles aux lignes surbaissées, structurées. Les consoles décoratives voient leurs lignes se simplifier à l'extrême, pour ne plus être qu'un plateau reposant sur un piétement en fer forgé aux enroulements rigoureux. Les lits prennent des formes variées : bateau, de travers, de milieu gainé, en nacelle, intégré au mur, façon "cosy corner" avec bibliothèque incorporée. Les sièges suivent le même mouvement, très bas, entièrement recouverts de cuir ou de tissu, de forme arrondie ou carrée avec des accotoirs rembourrés à armature de bois ou de métal. Après une longue désaffection des collectionneurs jusque dans les années 70, ces meubles sont aujourd'hui aussi cotés que leurs aînés du XVIIIe, pour peu que la qualité et la signature témoignent de leur originalité.
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